Nicolas COURTIER est DRH (Directeur des Ressources Humaines) de la société TLD EUROPE, présente sur 3 sites en France : Rungis (94), Montlouis-sur-Loire (37) et Saint-Lin (79). TLD intervient sur le marché des matériels aéroportuaires de piste. Il emploie 300 salariés.
Nicolas COURTIER a accepté de s'exprimer sur l'importance de l'orthographe aujourd'hui dans son entreprise. Merci à lui.
Une candidature peut être écartée à cause d'une trop mauvaise orthographe...
TLD emploie en très grande majorité une main d'oeuvre qualifiée - ayant au moins un bac pro - et 53 cadres et assimilés. Pourtant, malgré ce haut niveau de qualification, l'orthographe n'est pas toujours de mise... "On écrit de plus en plus de mails, de plus en plus vite, alors, on laisse ici et là des fautes d'inattention. Mais ce n'est pas ce qui me choque. Par contre, je trouve difficilement acceptable qu'un ingénieur envoie une lettre de motivation en écrivant certains mots quasiment en phonétique. Dans ce cas-là, si le C.V. est médiocre, la candidature est écartée. Mais si la personne présente un parcours qui retient l'attention, alors, malgré l'orthographe déficiente, on le recevra." Et il pourra même être embauché. Mais alors, lui demanderez-vous d'améliorer son orthographe ?
L'orthographe, un sujet tabou
Face à cette question, Nicolas COURTIER est catégorique. "Non. Pas directement. C'est un sujet trop délicat. Je m'arrangerai pour faire relire ses courriers ou bien pour le faire évaluer par un cabinet de formation qui "dépisterait" ses lacunes et lui proposerait de les combler." Les difficultés d'orthographe sont et restent bel et bien un sujet tabou. Profondément. Et il ne l'est pas moins, lorsque le DRH de TLD évoque les confusions orthographiques de certains cadres et dirigeants qui ne font, par exemple, pas la différence entre le futur de l'indicatif et le conditionnel présent à la première personne du singulier. Voir exercice sur le blog. "Cela change tout de même le sens de la phrase."
Pas d'actions de formation, mais on soutient les DIF
Alors, face à cette situation, qu'est-ce qu'on fait ? On forme les salariés ? "On soutient ceux qui feraient la demande d'un DIF dans ce sens. Il faut que la demande vienne du salarié pour que la motivation soit totale." Il semble bien difficile d'aborder ce tabou que sont les difficultés d'orthographe et nul doute que la réticence de ce DRH est le signe d'une vraie démarche humaine et empathique.
Orthographe, honte, douleur et mésestime de soi...
Pourtant, et je parle par expérience, certains salariés aimeraient sans doute bien qu'on les bouscule un peu et qu'on les pousse à s'améliorer. Ce n'est pas toujours le cas, mais l'orthographe peut constituer une vraie douleur pour certaines personnes et les conduire au repli sur elles-mêmes. Car si les difficultés à l'écrit sont un sujet tabou et, je le reconnais, difficile à aborder, ne pas les affronter laisse leurs auteurs englués dans une honte, une mésestime de soi, que seul un tout petit nombre pourra affronter pour demander une formation de remise à niveau. Les aider à trouver une solution est sans doute inconfortable mais ne peut être indélicat... Bien au contraire.
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