Evelyne Vernisse

Homonymie opposée à polysémie : l'exemple de "glace"

Glace (miroir) et glace (eau gelée) sont-ils homonymes ?

Qu'est-ce qu'un homonyme ?

• LING. (Mot, signifiant) qui a une prononciation et/ou une graphie identique à celle d'un autre, mais un signifié différent. (Source : TLFi).
• Plus simplement exprimé : "On appelle homonymes deux mots qui s'écrivent ou se prononcent de la même façon, mais dont le sens est différent [...]." (Source : Vocabulaire, Les Guides Le Robert & Nathan).

Alors, glace (miroir) et glace (eau gelée) sont-ils homonymes ?

Si l'on s'en réfère rapidement à ces définitions, glace (miroir) et glace (eau gelée) peuvent être considérés comme homonymes, puisqu'ils se prononcent de la même façon et ont un sens différent.

Or, ces définitions ne sont pas suffisamment précises. Par sens différent, il faut entendre, origine (étymologie) différente. Or, ce n'est pas le cas pour glace (miroir) et glace (eau gelée) qui ont la même origine, le latin glacia. Dans ce cas, on ne doit pas parler d'homonymie, mais de polysémie.

Bon, résumons-nous...

>> homonymie

Prenons l'exemple du mot mousse : la mousse (le végétal) vient du francique mosa alors que le mousse (jeune apprenti matelot) vient de l'italien mozzo. N'ayant pas la même origine, ils sont homonymes. 

>> polysémie

En revanche, la mousse (le végétal), la mousse (la matière) et la mousse (le dessert) relèvent de la polysémie, car ces mots ont la même racine francique mosa. De même, le col (partie d'un vêtement qui entoure le cou), le col (partie étroite d'un récipient - le col d'une bouteille)  et le col (partie la moins élevée d'une crête montagneuse, qui sert de passage) ont tous les trois la même origine, le latin collum. Ils ne peuvent pas être considérés comme homonymes. Ils relèvent donc de la polysémie.

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Si ces distinctions sont passionnantes sur le plan du vocabulaire, elles ne sont pas indispensables sur le plan orthographique. C'est pourquoi il est très courant de retrouver des mots qui relèvent de la polysémie dans des listes d'homonymes. Il ne faut pas s'en offusquer. En effet, quand il s'agit d'aider des personnes à avoir une meilleure orthographe, il convient de ne pas brouiller les pistes avec des connaissances annexes.

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Merci à Andréi qui, par son commentaire pertinent à propos de l'un de mes articles, m'a amenée à rédiger cet article. Voir : commentaire d'Andréi (25 janv. 2014) en dessous de mon article sur les homonymes.

Conjugaison : "s" ou "x" avec "tu" ?

J'ai publié le mois dernier un certain nombre d'exercices autour de la terminaison en "s" avec "tu". Elle est systématique sauf pour quelques verbes conjugués à l'impératif présent.

J'avais cependant omis une autre exception, que m'ont rappelée deux lecteurs attentifs et perspicaces, Caliméro et Carlos, que je remercie.

Il existe trois verbes irréguliers qui se terminent par "x" avec "tu" au présent de l'indicatif.
Il s'agit des verbes : pouvoir, vouloir et valoir : tu peux, tu veux, tu vaux.

Voilà. Vous savez tout, maintenant.

Bonne journée et à très bientôt.

Accord des adjectifs de couleur (2)

 Voici ce qu'il faut savoir et retenir :

1) l'adjectif de couleur s'accorde en genre (masculin / féminin) et en nombre (singulier/ pluriel) avec le nom qu'il qualifie : une chemise bleue, des cravates jaunes...

MAIS

2) il est invariable s'il est formé de deux adjectifs : des tissus bleu foncé, une cravate vert clair, une robe vert pomme... Voilà d'ailleurs un bon moyen pour ne plus faire de fautes. Ajoutez systématiquement un deuxième adjectif à votre adjectif de couleur et ils seront tous les deux invariables !!

3) il est invariable s'il est dérivé d'un nom de fruit, de fleur, de pierre précieuse, etc...  : des yeux marron (de la couleur du marron) ; des crayons orange (de la couleur de l'orange)

mais

4) il s'accorde - exception - dans les cas suivants : des cravates roses, fauves, mauves, pourpres, incarnates, écarlates.

Ainsi, pour répondre à la question que je vous posais vendredi, on écrit : des sacs jaunes et bleus mais aussi des sacs orange et roses.

Pour répondre à la question de Lérig (voir son commentaire): il s'agit de sacs unicolores, tout bleus, tout jaunes, tout orange ou tout roses.

Vous pouvez consulter la règle sur le site de synapse.

Vous voulez vous entrainer ? Vous trouverez sept exercices ainsi que leur correction sur le site de restena > orthographe > orthographe grammaticale > accord de l'adjectif > adjectifs de couleur.

Amusez-vous bien !

Accord des adjectifs de couleur (1)... la réponse

Voici la réponse à la question d'hier, concernant l'accord des adjectifs de couleur.

"En raison du 11 novembre, nous vous informons que la collecte des sacs jaunes et bleus est reportée au vendredi 14 novembre."

Dans le cas présent, il fallait accorder les adjectifs jaunes et bleus avec sacs. Ils devaient donc porter la marque du masculin-pluriel.

Voici la règle et comment la retenir à coup sûr :

1. Quand on peut dire : des sacs jaunes et (des sacs) bleus (certains sacs sont uniquement jaunes et d'autres uniquement bleus) alors on accorde les adjectifs de couleur avec le nom qu'ils qualifient, ici sacs donc ils portent la marque du masculin-pluriel.
2. Quand on peut dire : des sacs qui sont "jaune et bleu" (à la fois) (chaque sac a du jaune et du bleu), alors on ne fait pas d'accord, on laisse au masculin-singulier.

Que ce serait-il passé si les sacs étaient de couleur rose et de couleur orange ?

A lundi pour la réponse et bon week-end de la science...

Conjuguer au subjonctif présent

La conjugaison au subjonctif présent comporte peu de difficultés.

A part être et avoir, les terminaisons sont les suivantes pour tous les verbes :

-e, -es, -e, -ions, -iez, -ent

Essayons.

• Voir : que je voie, que tu voies, qu'elle voie, que nous voyions, que vous voyiez, qu'ils voient
• Manger : que je mange, que tu manges, qu'on mange, que nous mangions, que vous mangiez, qu'elles mangent
• Venir : que je vienne, que tu viennes, qu'il vienne, que nous venions, que vous veniez, qu'ils viennent

Voyons maintenant être et avoir, qui sont irréguliers :

• être : que je sois, que tu sois, qu'elle soit, que nous soyons, que vous soyez, qu'ils soient
• avoir : que j'aie, que tu aies, qu'il ait, que nous ayons, que vous ayez, qu'elles aient

Attention, pour être et avoir : pas de i après l'y, contrairement à voir...

Vous voudriez vous entrainer un peu ? Rendez-vous sur le site du ccdmd.

Emploi de la négation et subjonctif après "sans que"

Avant le week-end, je vous soumettais la phrase suivante et vous demandais quelles fautes d'orthographes elle contenait ?

"Je suis entré(e) dans l'atelier sans que personne ne me voit."

Vous deviez relever 2 erreurs :

1. "sans que" n'est jamais suivi d'une négation.
2. "sans que" est toujours suivi du subjonctif.

Il fallait donc écrire :

"Je suis entré(e) dans l'atelier sans que personne me voie."

Vous hésitez. Faut-il employer le subjonctif ou l'indicatif ? Remplacez le verbe pour lequel vous hésitez par un verbe comme "pouvoir", car on ne peut pas confondre son indicatif présent (il peut) et son subjonctif présent (qu'il puisse).

Essayons : "Je suis entré(e) dans l'atelier sans que personne puisse me voir". Il est ainsi très clair, que c'est le subjonctif qu'il faut utiliser.

Mais au fait, savez-vous conjuguer au subjonctif ? Ce sera l'objet de mon billet de demain. D'ici là, vous pouvez réviser.

Homonymes, homophones, homographes... Définitions

Des mots sont dits homonymes lorsqu'ils se prononcent ou s'écrivent de la même façon tout en ayant des sens différents, issus d'une étymologie différente. Certains homonymes sont homophones, d'autres sont homographes. Certains, plus rares sont homophones et homographes : la mousse (le végétal), le mousse (jeune apprenti matelot). On trouve souvent, dans des listes d'homophones, des mots qui relèvent, en toute rigueur, de la polysémie. Par exemple : la glace (miroir) et la glace (eau gelée). (Voir mon article à ce sujet).

Des mots sont dits homophones lorsqu'ils se prononcent pareil, mais ont un sens différent (qu'ils soient ou non homographes) : Il y a un ver vert dans mon verre. (homophones non homographes).

Des mots sont dits homographes lorsqu'ils ont une orthographe identique, mais un sens différent (qu'ils soient homophones ou non) : les poules du couvent couvent. (homographes non homophones).

Attention à ne pas confondre homonymes avec synonymes qui, eux, sont des mots qui ont le même sens (ou presque).

Ce sont les homophones qui posent le plus de problème, car leur différence de graphie (écriture) ne s'entend pas à l'oral. Dois-je écrire : c'est, s'est ou sait ? N'hésitez pas à me faire part de ceux qui vous posent problème.

Pourquoi il faut oublier pour apprendre...

Ce billet fait suite à celui de vendredi 10 oct. : "Secret pour apprendre vite...". Il est conseillé de le lire au préalable.

Oui. Il faut oublier pour apprendre. Cependant, je ne me lancerai pas dans de longues et complexes explications en psychologie cognitive. Je me contenterai de vous parler de mon vécu et de celui de stagiaires avec lesquels j'ai pu parler de ça.

Apprendre, c'est d'abord, observer et découvrir, puis comprendre, puis s'exercer, puis utiliser son savoir dans une situation extérieure à l'apprentissage. Généralement, cet enchainement d'étapes se fait naturellement, dans un ordre qui est propre à notre profil d'apprentissage et plus ou moins vite. Mais au bout du compte, on sait faire. Ou plutôt, on croit savoir faire.

Passe alors le temps. Quelques jours, quelques semaines. On oublie plus ou moins ce "savoir". Que croyez-vous qu'il arrive lorsqu'on est à nouveau confronté à son utilisation ? La plupart du temps, on ne sait plus très bien faire. On a... oublié.

L'horreur ? Non. Une étape indispensable et tout à fait favorable, à condition toutefois de se donner la peine de reprendre certaines des étapes précédentes, celles que nous jugeons utiles (observer, relire la règle ou les connaissances techniques, refaire un exercice...). Nous nous posons alors des questions qui nous permettent d'approfondir et d'ancrer efficacement notre "savoir" au plus profond de nous.

Parfois, il faut oublier plusieurs fois et revenir systématiquement sur les points qui posent problème. Vous comprenez maintenant pourquoi il n'est pas envisageable d'avoir des exigences quant à la rapidité d'apprentissage ? Elle ne dépend pas, pour une grande part, de notre volonté.

Avez-vous déjà ressenti ce bienfait de l'oubli pour mieux apprendre ? Comment l'avez-vous vécu ? Comment avez-vous réagi ?

Secret pour apprendre vite...

Je discutais, il y a peu, avec un canadien anglophone. Lorsqu'il apprend que j'enseigne le français, son regard s'éclaire et, tout de go, il me demande :

• "Quel est votre secret ? Dites-moi votre secret ?

Perplexe, je lui demande de quel secret il parle. Peut-être ai-je mal compris ? Mais non.

• Votre secret pour apprendre vite le français.

Je crois avoir marqué un temps d'arrêt. Sans doute pour me laisser le temps de la réflexion. "Qu'est-ce que je lui réponds ?" La vérité s'est imposée. Décidément, je ne sais pas mentir.

• Je n'ai pas de secret. IL N'Y A PAS de secret pour apprendre VITE. Il y a de nombreuses méthodes pour apprendre, appelons-les "secrets" si vous voulez, mais quand on apprend, il faut oublier la notion de vitesse car elle va à l'encontre de la notion de profondeur de l'apprentissage. Pour apprendre, il faut passer par plusieurs étapes (pas toujours dans le même ordre cependant) : observer, comprendre, s'exercer, utiliser, oublier, observer à nouveau, réviser, comprendre plus profondément et utiliser encore (et éventuellement oublier, etc.). Ces étapes sont incontournables. Et selon ce que vous apprenez, votre niveau, votre profil d'apprentissage, votre condition au moment de l'apprentissage, votre motivation, votre intérêt, la méthode de formation, etc., etc., selon un grand nombre de facteurs, vous apprendrez plus ou moins vite. Et ce n'est pas vous qui déciderez. Alors, bien sûr, je vous taquine.
  J'ai cependant un secret pour que vous vous donniez les meilleures chances d'apprendre vite : travailler régulièrement - un petit peu chaque jour est l'idéal - et OUBLIER."

Vous vous demandez pourquoi il faut oublier pour apprendre ? La réponse lundi prochain. (teasing...).

Bon week-end ensoleillé et merveilleusement coloré !

Quand la prononciation nous fait faire des fautes d'orthographe...

Pourquoi peut-on se retrouver facilement avec des fautes énormes du genre :

• c'est un bonne élève
• faire bonne usage de ses connaissances
• quel bonne historien ?

Pour des raisons de prononciation. Tout simplement.

Au masculin singulier, bon se prononce comme bonne devant une voyelle ou un h aspiré. Alors, quand on écrit vite et qu'on ne se relit pas, cela donne ce que vous pouvez lire ci-dessus.

D'où l'intérêt de se relire, TOUJOURS, et TOUJOURS, et très attentivement afin d'écrire :

• c'est un bon élève et c'est une bonne élève
• faire bon usage de ses connaissances
• quel bon historien ! ou quelle bonne historienne !

Ouf ! Encore une erreur d'orthographe que vous ne ferez plus.